39/45 Magazine n°311 (Editions Heimdal, mai 2013)

3945magazine311Les Editions Heimdal proposent un numéro exceptionnel de 39/45 Magazine avec le n°311. Exceptionnel par le format : 100 pages dont 80 consacrées à une seule étude rédigée par l’auteur allemand Thomas FISCHER. Bref, un numéro hors-série inséré dans un numéro ordinaire…

Exceptionnel également par le contenu puisque ce numéro est consacré au cœur du pouvoir hitlérien avec la nouvelle Chancellerie, la Leibstandarte SS et la fin dans le bunker du Führer. C’est donc à une plongée dans les fastes et les ruines du cœur de l’Etat nazi.

L’élément central de cette étude est Wilhelm MOHNKE qui fut l’un des premiers sélectionnés pour assurer la protection d’Hitler fraîchement élu et qui sera le commandant du dernier carré dans les ruines de Berlin.

Suivre son parcours revient donc à passer en revue les activités de la Leibstandarte-SS durant les années avant-guerre, sa formation, son expansion, ses premiers combats en Pologne et en France, la gloire en URSS, l’inexorable recul en Normandie malgré les sacrifices consentis, l’échec dans les Ardennes et enfin la chute finale dans Berlin.

Au-delà des images léchées de la propagande, les témoignages qui regorgent dans les pages permettent de mieux comprendre comment la Leibstandarte est devenue ce qu’elle fut. Tout commence en 1933 et jusqu’à l’entrée en guerre avec l’invasion de la Pologne. Les volontaires, déjà proches des idées nazies et par définition très engagés politiquement, subissent un entraînement militaire très dur (les mauvais traitements infligés sont évoqués à demi-mots) qui forge la résistance physique et mentale tout développant un sentiment de supériorité de garde prétorienne en participant à tous les évènements honorifiques du régime et en assurant la protection du cœur du pouvoir.

Cet entraînement ne remplace cependant pas l’expérience militaire et l’art de la guerre. Ces qualités se développeront sur le tas en Pologne et à l’Ouest en 1940, la propagande et la « légende » se chargeront de minimiser les premiers errements.

La guerre ne s’improvise pas. Nombre de SS vont payer le prix du sang cet apprentissage à marche forcé, l’Histoire ne retenant que ceux qui ont survécu à cette période et se sont ensuite couverts de gloire avec la bienveillance de la propagande du régime.

Au final, ces « surhommes » ne le sont pas. Endoctrinés, courageux certes, intelligents pour certains dont MOHNKE, ils sont avant des hommes ancrés dans leurs certitudes, affaiblis par leurs rivalités internes et les luttes d’égo. Sauf qu’en temps de guerre, les conséquences sont désastreuses et se comptent en morts et atrocités.

Au cours des combats en Normandie, MOHNKE montre de réelles qualités de meneur d’hommes. A la tête de la 1. SS-Panzer-Division dans les Ardennes, il est diminué par la blessure qu’il a reçue en Normandie et sous l’influence de la morphine. Les héros glorieux rescapés des campagnes victorieuses et de la faucheuse qu’est le Front de l’Est sont prématurément usés malgré leur jeune âge.

C’est ensuite le long récit des derniers jours dans le bunker d’HITLER et des derniers combats dans Berlin. L’ultime mobilisation des dernières forces avant une agonie brutale et un long silence qui s’abat sur une Europe ravagée, désormais exsangue coincée entre les dominations américaines et soviétiques.

Les témoignages des survivants et de MOHNKE lui-même apportent un éclairage précis sur cette période. Le texte est complété de nombreuses cartes et de reproductions en couleurs d’objets témoins de l’époque.

Pour compléter, ce numéro comporte un article sur la construction de la Chancellerie avec notamment avec des reproductions d’estampes issues d’une plaquette consacrée aux ouvriers du chantier et un sur la parade des Britanniques le 21 juin 1945 pour commémorer la Victoire.

A la lecture (et à la vue de la couverture) de ce numéro, certains pourront dire : encore la bataille de Berlin vue du côté germanique ! Oui, mais dans le cas présent, cela en valait vraiment la peine.

Il faut maintenant espérer des études similaires pour les mêmes événements mais vus côté des Alliés (occidentaux ou soviétiques). Cela est indispensable pour réaliser une synthèse historique, équilibrée et tordre le cou aux légendes et aux mythes pour faire place à une vision apaisée, neutre et intellectuellement passionnante de la Seconde Guerre mondiale… 70 ans après ce conflit, un siècle après le déclenchement de la Première Guerre mondiale (qui n’est autre qu’une des « manches » de la « guerre civile européenne »), malgré la qualité des travaux historiques, il reste encore beaucoup à faire sur cette période à condition de vouloir sortir des habituels sentiers battus (et rebattus) – et cela vaut tout autant pour les auteurs / éditeurs que les lecteurs !

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